René Julien (Liège, 1937- Cavaillon, 2016) est un sculpteur et peintre qui a travaillé en Belgique avant de s’installer en Provence.
Comme Giacometti, dans le studio duquel, à Montparnasse, il se forma à la fin des années cinquante, René délaissera finalement la peinture pour se consacrer à la sculpture, adoptant la technique de la cire perdue.
René Julien nous propose des bronzes dans un certain état brut, mélange d’élégance et de douceur, de complexité alliant la matière et la dextérité de l’artisan ; on pourrait dire, au risque de paraphraser L’Homme qui marche de son ancien maître, que René Julien a su immortaliser le mouvement et le souffle de vie qui s’en dégage.
Passer du temps dans l’atelier de René à Chateau-Vert fut pour moi un privilège rare et une leçon de création ; une compréhension de ce qu’est la vie d’un artiste de la trempe de René Julien : de longues heures sur le métier du matin au soir, ces interminables journées qui lui rappelaient l’usine où travaillait son père, parce que tout artiste qu’il était – et quel artiste ! – il se savait avant tout ouvrier-sculpteur.
Son œuvre, immense, est un hommage à l’action pétrifiée, à la danse immobile, aux vibrations qui entourent une intention, un geste, un élan.
Car, même inertes en apparence, la matière ou les corps, de bronze ou de chair, quels qu’ils soient, où qu’ils soient, vivants ou morts, ne sont qu’énergie, énergie vitale, atomes d’éternité. René nous les a restitués pour toujours.
Jean-François Galletout – Écrivain.